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Heureux qui comme Ulysse...
14 décembre 2010

LITTERATURE DE VOYAGE >< Nicolas Bouvier - L'usage du monde 2/2

Finis il y a déjà 10 jours, je n'ai pas eu le courage d'en attaquer, une nouvelle fois, le compte rendu quand mon ordi à subitement fais grève... la blase

Je me souviens juste du titre que je voulais donner à l'article:

"Impressions à chaud par 0°C"
(y'a du niveau !)

DSCF3436

Bref je suis restée ébaubie.
Je l'ai fais durer ce livre, je voyais la fin se rapprocher douloureusement.
Alors puisqu'il n'est plus question "d'impressions à chaud", qu'est ce que j'en retire 10 jours après l'avoir refermé ??
Ah oui, l'impression d'un entre deux entre fiction et récit autobiographique, entre récit de voyage, poésie et compte rendu anthropologique. Le récit est fait a posteriori, plusieurs années après je crois et donne pourtant une franche impression "d'y être" parce qu'il est vif, précis. D'un autre côté on sent que le travail d'assimilation s'est fait, le voyage s'est décanté, n'en reste que le plus important.
C'est un récit intelligent, et un voyageur intelligent, car il saisi l'essence des évènements et des gens qui l'entourent. Il ressent du dedans les pays qu'il traverse. Les comprend et garde une distance critique.
Que souhaiter de plus !? C'est un tour de force mais il n'y a rien d'autre à rechercher
C'est peut être le livre que j'ai le plus écorné (chaque fois qu'un passage fait mouche, hop !)
Le livre s'achève sur un moment de... félicité, d'extase.

"L'air était d'une transparence extraordinaire. La voix portait. J'entendais des cris d'enfants très haut sur la vieille route des nomades, et de légers éboulis sous les le sabot des chèvres invisibles, qui résonnaient dans toute la passe en échos cristallins. J'ai passé une bonne heure saoulé par ce paysage apollinien. Devant cette prodigieuse enclume de terre et de roc, le monde de l'anecdote était comme aboli. L'étendu de montagne, le ciel clair de décembre la tiédeur de midi, le grésillement du narghilé, et jusqu'aux sous qui sonnaient dans ma poche, devenaient les éléments d'une pièce où j'étais venu, à travers bien des obstacles, tenir mon rôles à temps. "Pérennité...transparente évidence du monde...appartenance paisible" moi non plus je ne sais comment dire...car, pour parler comme Plotin:
une tangente est un contact qu'on ne peut ni concevoir ni formuler
Mais dix ans de voyage n'auraient pas pu payer cela. Ce jour-là j'ai bien cru tenir quelque chose et que ma vie s'en trouverait changée. "
(à la frontière entre Afghanistan et Inde)


En fin de compte il y a voyage et voyage, de même qu'il y a pleins de livres et la littérature. Soit on digère on intègre et on restitue (ça me fais toujours marrer de dire ça, parce que si on suit la métaphore de la digestion ça revient à dire la littérature = du vomi lol) on extraie le sens avec recul ; soit on accumule et on répertorie de façon systématique.

Le récit n'est pas tout rose, pas seulement a cause de certains épisodes où ils frôlent la mort par exemple, mais parce que 6 ans après (si j'ai bien compris) il fait le bilan, parfois chargé d'amertume (réussir sa vie est plus compliqué que ça encore), il constate les lacunes de la mémoire avec douleur, et que le passé reste le passé. En dépit de son récit qui paraît si vivant il n'est pour lui (et par certains aspects) qu'une collection. En effet certaines images sont nettes mais l'esprit de cette époque là est partie et il est quelqu'un de différent.

en bref la claque ce bouquin !

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